Le Cloud, eldorado ou chemin de croix des entreprises du XXI siècle

Nicolas Dessus
7 min readMay 25, 2020

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Data centers, les fondements du développement d’internet

Dans les années 2000, le monde connaissait un bouleversement majeur avec le développement d’internet. Un outil ayant transformé notre manière d’accéder à l’information ou encore celle de consommer avec l’arrivée de sites e-commerce comme Veepee (anciennement vente-privée).

Ces bouleversements ont traduit l’avènement des entreprises tech d’aujourd’hui (Facebook, Google, Paypal…). Ces changements, en plus de nous pousser à réinventer nos modèles économiques, financiers et sociaux ont demandé des moyens considérables et une réorganisation de bon nombre d’entreprises !

La vente en ligne ou encore le visionnage de vidéos par exemple engendrent du trafic sur les sites. Ce trafic se traduit physiquement par la capacité, pour les entreprises, à supporter la charge des utilisateurs sur leurs plateformes à l’aide de serveurs physiques. Les entreprises tech ont donc été forcées de largement s’équiper de serveurs, regroupés au sein de data centers, dans leurs locaux pour faire face au nombre croissant de connexions sur leurs sites.

Les entreprises ont souvent été dépassées par la folie d’internet. Un nombre de connexions variant d’un jour sur l’autre pouvait faire « tomber le service » par manque de serveurs et donc représenter une perte de chiffre d’affaires important.

Au début d‘internet, les entreprises se sont équipées de serveurs physiques pour faire face à leur trafic grandissant. Cet investissement était nécessaire pour assurer l’agrandissement d’une communauté d’utilisateurs. Le coût associé pouvait prendre plusieurs années avant d’être amorti — devenant un actif immobilisé important. La variation du trafic poussait les entreprises à prendre d’importantes marges de sécurité pour leur éviter de se trouver en sous capacité. Elles achetaient souvent plus de machines que leurs besoins réels.

Le cloud computing, le début d’une révolution

Suite à l’émergence des services cloud et l’augmentation de la demande de serveurs par les entreprises, certains acteurs ont commencé à proposer des serveurs en location sous la forme de puissance de calcul. Depuis 2010, en plus de pouvoir acheter des machines, les entreprises ont pu louer des serveurs dits virtuels, à la minute, en fonction de leurs besoins — c’est le cloud computing ou cloud public. Les fournisseurs de serveurs aussi appelé « cloud providers » regroupent aujourd’hui les leaders Amazon Web service, Azure de Microsoft, Google cloud service ou l’acteur français OVH.

La force de ce modèle est de pouvoir proposer aux entreprises de toutes tailles les moyens d’être facilement hébergé sur du cloud sans avoir à acheter ses propres serveurs.

L’avénement du cloud sur le monde de l’entreprise

Le marché du cloud public a représenté près de 29 milliards d’euros au premier trimestre 2020 avec une projection de 104 milliards de dollars pour l’année 2020. Le marché est découpé entre Amazon et Microsoft qui représentent à eux seuls près de 50% du marché. La taille de marché pourrait atteindre près de 300 milliards d’euros en 2020 en incluant les solutions hébergées sur du cloud (solution SaaS par exemple). Le marché français tous services confondus capitalise quant à lui à 12 milliards d’euros en 2019.

Le cloud devient, depuis quelques années, un outil vital au développement des entreprises ce qui se traduit dans leurs budgets. D’après Rightscale la dépense dans les services de cloud providers représente pour près de 50% des entreprises plus de 600K$ par an. Ce marché est en en constante mutation avec un fort potentiel de croissance, +17% entre 2019 et 2020, ce qui pousse les cloud providers à constamment se réinventer pour se différencier de leurs concurrents. Ils ne cessent d’améliorer leur proposition de valeur en proposant de nouvelles fonctionnalités permettant par exemple de stocker des bases de données ou encore des services en lien avec l’intelligence artificielle (reconnaissance d’image avec google-cloud-vision).

Cependant, derrière cette course à l’adoption généralisée du cloud par les entreprises se cache une autre réalité. Les entreprises peinent à contrôler leur utilisation de cloud. Sans gouvernance ou outil pour suivre leur consommation de manière détaillée, les entreprises consomment souvent différents services cloud (le multi cloud) en fonction des habitudes de leurs employés. Cette hétérogénéité des services et la difficulté dans leur suivi fait augmenter la facture des entreprises.

Les limites du cloud computing en entreprise

En 10 ans (2007–2017) la consommation du cloud privé a été multipliée par 6 en France ! Cependant, on commence à apercevoir les premières limites du cloud. En entreprise, on constate une difficulté croissante dans le suivi de la consommation des équipes, dans l’allocation de leurs ressources mais surtout dans le monitoring du cloud public. Rightscale estime que 30% de votre facture cloud est dépensée inutilement — c’est tout simplement énorme. L’enjeu est simple : réduire les dépenses inutiles !

Prenons un exemple simple, l’un de nos services chez Veepee dépense près de 500K euros par an dans le cloud. En identifiant, grâce à une solution interne nommée Cloud Janitor, les machines mal utilisées, nous avons réduit d’environ 150K€ notre facture sur l’année à venir. Les chiffres partagés ici correspondent seulement à une partie de nos dépenses annuelles.

De plus, la dimension RSE devient un enjeu grandissant pour les consommateurs, pour l’Etat et donc pour les entreprises. Or, l’impact environnemental des serveurs est colossal. Les data centers consomment près de 3% de l’approvisionnement mondial d’électricité ce qui représente près de 2% des émissions de gaz à effet de serre mondial. Ces serveurs représentent donc un élément non négligeable de votre bilan carbone. Par ailleurs, la neutralité environnementale affichée par certains cloud providers ne cesse d’être questionnée. Cette seconde limite RSE nous a poussés à intégrer au sein de notre outil un suivi de la consommation de chaque type de machine. L’objectif à terme est d’être en mesure de réaliser des recommandations permettant de sélectionner les machines avec l’émission de CO2 la plus faible.

Le cloud computing représente aussi un enjeu de sécurité pour les entreprises. L’hébergement de données auprès d’acteurs externes à l’entreprise représente un risque non négligeable qui peut freiner certaines entreprises dans l’adoption du cloud public. La gouvernance et le lieu d’hébergement des données en fonction de la criticité de ces dernières est une réflexion majeure des entreprises. Veepee se retrouve dans une situation de multi-cloud (data centers internes et cloud public), comme 81 % des entreprises de plus de 1000 employés, nous travaillons donc aussi aux recommandations sur des sujets en lien avec les équipes sécurité.

On peut facilement faire exploser sa facture cloud ainsi que son empreinte carbone. L’avènement du multi cloud rend la gouvernance par les équipes de plus en plus complexe. Pour ces raisons, nous souhaitons vous partager quelques best practices que nous avons intégrées dans notre outil nommé Cloud Janitor. Ce dernier est en mesure de suivre à la fois les machines sur vos cloud providers mais aussi sur vos data centers internes et de proposer des recommandations permettant d’agir sur les limites partagées précédemment.

L’origine de ce gaspillage

Quels sont les éléments poussant les entreprises à consommer 30% de plus que leurs besoins ?

Voici quelques constats sur lesquelles nous avons construit notre outil pour réduire ce gaspillage à la fois économique mais aussi environnemental :

  • Le premier élément de réponse est la marge de précaution que prennent vos équipes avant de déployer un produit. Bien souvent, la puissance de la machine est supérieure à votre besoin et donc bien plus coûteuse. Chez Veepee, nous avions par exemple plusieurs machines utilisées à moins de 10% de leur capacité.
  • Une autre réponse réside dans la complexité du pricing des offres cloud (notamment chez AWS). Bien souvent, les équipes payent le prix maximum permettant une grande flexibilité mais ne maximisent pas votre investissement par rapport à votre besoin. La diversité de tarifications existantes sur les cloud providers le permet pourtant.
  • Le dernier élément réside dans l’oubli de machines par vos équipes. Ces dernières continuent parfois de payer des machines qu’elles n’utilisent plus ou pas sur certaines tranches horaires (soir et week-end).

Ces éléments causent une dépense inutile de près de 30% de votre facture cloud, essentiellement par l’erreur humaine et la difficulté du suivi d’un si grand nombre de machines. On note d’ailleurs, pendant la période de confinement, une adoption des services cloud qui s’est logiquement accélérée. Une hausse estimée à près de 34% sur le premier trimestre 2020 soit près de 31 milliards de dollars. D’après les chiffres partagés plus tôt, on peut estimer le gaspillage à plus de 9 milliards de dollars lors des 4 derniers mois, l’équivalent du PIB annuel du Niger.

Si vous souhaitez contribuer à la réduction de ce gaspillage économique et environnemental n’hésitez pas à nous contacter pour discuter des good practices que nous avons mis en place chez Veepee ou encore de l’outil que nous avons développé, Cloud Janitor (voir deck ici).

Le cloud entre eldorado et chemin de croix pour les entreprises, contactez moi directement sur Linkedin ou à ndessus@vente-privee.com pour en discuter.

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Nicolas Dessus

Co founder baby vc — Innovation analyst at Veepee impulse